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CLAIRVOYANCE « au cœur de la diversité »

 

Autour du thème de l’abstention

 

Suite au dîner citoyen du 6 avril 2010

 

Avec

Jean Lassalle

Député des Pyrénées-Atlantiques,

Président de l’Association des Populations des Montagnes du Monde (APMM)

 

 

Avec la participation de :

Jean-Pierre Pagès, sociologue statisticien

 

Dominique Saatenang, vice champion du monde de Kung-Fu

Paris, avril 2010

 

 

Nos dîners citoyens !

 

Les rencontres que nous cherchons à multiplier à Clairvoyance ont pour motif principal la diversité, mais une diversité en marche voulant s’imposer d’abord par la démonstration de l’étendue de ses talents et de ses compétences pour trouver des solutions aux problèmes où elle se retrouve à l’évidence impliquée. Si nous les soutenons quand elles sont non violentes et justifiées, les réclamations au nom du principe égalitaire ne sont pas pour nous la priorité.

 

Ensemble, à chaque rencontre, nous aborderons un sujet particulier sur lequel tous ceux qui s’y intéressent doivent pouvoir contribuer sans complexe. Un texte de synthèse sera alors rédigé ; il sera le point de départ d’un processus d’amélioration continuel, chacun étant sollicité pour critiquer ce premier jet, pour proposer des améliorations, apporter des compléments, voire greffer sur le sujet initial une nouvelle thématique contribuant à élargir la problématique dont on est parti. Étant archivés, ces apports conduiront à une mise à jour à intervalles réguliers du premier texte, des textes satellites pouvant être créés au fur et à mesure pour constituer de nouveaux points de départ…et ainsi de suite. C’est ainsi, en imitant quelque peu les « Wikipédiaïstes », que l’on compte s’entraîner au débat public le plus large et, avec le temps, produire en dehors de toute chapelle une qualité dans les analyses qui permette de nous positionner comme la voix de la diversité, comme une voix sur laquelle on peut compter pour trouver des réponses réalistes et équilibrées à ces nombreux défis qu’une société diverse comme la nôtre cherche à relever aujourd’hui. Les décideurs politiques oublient ou veulent oublier bien entendu que nous sommes là ; beaucoup pensent certainement que nous constituons plus un problème qu’une voie pour aboutir à une solution : si nous sommes d’inestimables ressources, à nous de le démontrer. En avant donc, l’aventure si nous sommes bien décidés et sans complexes en vaut la peine.

 

Après cet avant-propos, il devient facile d’introduire le sujet qui a été le 6 avril au centre de nos discussions. La réflexion sur l’abstention en général, qui est à l’ordre du jour depuis les dernières élections, interpelle particulièrement les divers que nous sommes. Les raisons d’un manque de mobilisation qui va croissant, d’un devoir électoral que l’on remplit avec plus de réticence, ne doivent pas être bien éloignées de celles qui font que la diversité manque de ressort – et cela ne date pas d’hier. Au-delà du cas particulier des élections, interrogeons nous donc sur ce qu’il est possible de faire aujourd’hui pour être à contre-courant, c’est-à-dire nous mobiliser nous-mêmes.

 

Introduction

 

Dans la Grèce antique, avant la réforme de Clisthène, les oligarques monopolisant le pouvoir prétendaient qu’il fallait « ne pas donner à tous le droit à la parole et de décision, mais seulement aux plus habiles et aux hommes qui en ont par excellence la capacité ». Bien entendu, ces hommes talentueux, aisément identifiables par tous, ne pouvaient se trouver que parmi eux.

 

En 2010, à Clairvoyance, nous voyons des talents partout. C’est un devoir pour le politique de les faire connaître et de faciliter leur promotion en tous lieux, bien sûr au nom de l’égalité et de la fraternité, mais surtout pour plus d’efficacité comme nous nous donnons pour tâche de le démontrer. Les Oligarques des temps modernes – nos politiciens – font-ils effort dans cette direction ? Certes, il ne faut pas nier que des progrès ont été réalisés pour faire en sorte que les organisations politiques, l’Administration, les entreprises publiques…soient le reflet, dans leur composition, d’une société qui peut et doit se dire riche et fière de sa diversité. Mais reconnaissons que nous sommes encore loin du compte !

 

Insistons pour bien planter le décor. En tant que représentants sans complexes de la diversité, nous faisons le pari qu’il est possible de faire en sorte que celle-ci apparaisse à tous, non comme un problème à résoudre, mais comme un avantage, voire un atout décisif pour notre pays. Pour cela, pour un temps, mettons de côté les revendications et vite… au travail !

 

C’est cet esprit qui doit nous animer. En s’attaquant à certains sujets qui font débat dans la société d’aujourd’hui, nous voulons montrer que les sans grade de la diversité que nous sommes peuvent produire des analyses sérieuses, des idées originales, voire même proposer des solutions réalistes aux problèmes actuels. Ensemble, on a même la capacité d’aller plus loin en exploitant les ressources de la communication à disposition de tout citoyen : avec Internet, il est possible de diffuser urbi et orbi le contenu de nos discussions et même d’appeler à l’aide. C’est en élargissant le cercle des prosélytes de la diversité, que l’on pourra s’enrichir et s’améliorer, mais surtout donner du crédit et du poids à nos analyses, nos idées et nos propositions. Il faut bien entendu pour réussir dans cette direction du travail et de la séduction…mais s’imposer au niveau des pouvoirs en ne comptant que sur soi-même, c’est-à-dire en dehors des coteries, n’est-ce pas la seule voie qui mérite que l’on s’y investisse ?

 

Ancien berger et fils de berger, Jean Lassalle, chantre du terroir, fou de montagne et de politique, serviteur hors norme de son village, de sa région et de l’État, a su s’imposer dans la jungle du politique en ne comptant que sur lui même. Il est donc pour Clairvoyance l’exemple à suivre…et combien nous sommes heureux qu’il ait accepté de prendre sur son temps pour venir animer nos débats autour de l’abstention et nous faire part de son expérience.

 

1- Quelques éléments sur l’abstention et les causes de l’abstention

 

Types de désengagement, pourcentages et évolutions

 

L’abstentionniste est l’inscrit qui ne se déplace pas pour aller voter. Son désengagement qui peut être passager apparaît moins radical que celui du non inscrit qui n’a même pas fait l’effort de s’inscrire. Les non inscrits représentaient en 1980 environ 10% de cet électorat que constitue l’ensemble des citoyens autorisés à être inscrits sur les listes électorales…ils seraient plus nombreux aujourd’hui, près de 15% prétendent certains (à vérifier). Environ 500.000 personnes ont perdu le droit de s’inscrire, c’est-à-dire de participer aux différents scrutins.

Enfin, avant d’interpréter les chiffres de l’abstention, n’oublions pas les « mal inscrits », qui sont inscrits au mauvais endroit, et les votes blancs ou nuls qui, tout en étant ignorés en tant que suffrages non exprimés (ils représenteraient environ 2% des inscrits), interviennent « en off » dans les résultats qui sont publiés.

 

On sait qu’aux régionales 2010, il y a eu 53,64% d’abstentions au premier tour. Si on évalue à 15% le nombre de non inscrits, le taux de votants effectifs n’aurait guère dépassé 40%. Le candidat qui a obtenu 30% des suffrages exprimés a pu en réalité n’être choisi que par moins de 14% des inscrits. D’une région à l’autre, l’abstention a par ailleurs varié dans de fortes proportions : 37,62% en Corse, 58% en Lorraine.

 

Si on met à part certains cas particuliers, on peut considérer que l’abstention est à la hausse quel que soit le type de scrutin. Pour les régionales (chiffres arrondis) : elle a varié de1986 à 1998 (élections à un tour) de 22 à 42%, et de 2004 à 2010 (élections à deux tours), de 39 à 54%. Le phénomène est général ; si on élimine l’érosion du temps, les chiffres suivants donnent une idée approximative de la variation de l’abstention d’un type d’élection à l’autre :

 

présidentielle : 20 ; législative= municipale : 30 ; régionale= cantonale : 40 ; européenne : 50

 

Enfin, on sait que l’abstention et, de façon plus générale, le désengagement du politique sont plus élevés parmi les jeunes (autour de 25% de non inscrits à 19 ans), les moins diplômés, les sans religion et les citadins, surtout s’ils vivent en cité-dortoir.

 

Discussions sur les causes

 

Les causes de l’abstention sur lesquelles on a insisté lors de la discussion font partie des catégories identifiées par les analystes (voir par exemple Pierre Bréchon. La France aux urnes. Cinquante ans d’histoire électorale. La Documentation Française, 1995). Les propos que l’on recueille peuvent être rangés en trois catégories non disjointes :

 

- l’abstentionnisme social qui serait dépendant de l’insertion et donc des facteurs : âge, diplôme et statut social (profession), mais aussi du type d’habitat, du patrimoine et de la pratique religieuse :

 

     . dans les ghettos : les politiques ne s’intéressent pas à nous, donc « j’en ai rien à foutre ». Les populations ont ici le sentiment d’être abandonnées ; elles subissent le chômage, la pauvreté, la délinquance…et si rien ne change, à quoi cela sert-il de voter ?

      . en tous lieux, un sentiment d’incompétence : la politique ça me dépasse, je n’y comprends rien.

      . le « millefeuille » territorial a de quoi déboussoler : quid des fonctions et responsabilités de la commune, de l’intercommunalité, du département, de la région ?

       . en tous lieux, un désenchantement pour le vote par rapport à hier : mon vote ne pèse pas lourd et j’ai mieux à faire à la date prévue : le week-end c’est sacré !

 

- l’abstentionnisme anti politicien qu’il ne faut pas assimiler avec le désintérêt pour la politique :

   

       . déficiences de l’offre politique : les politiques sont décalés par rapport à la réalité économique et sociale, ils oublient la mondialisation, l’Europe…

        . L’impuissance du pouvoir exécutif : la production de lois se situe à Bruxelles, les gouvernements n’ayant pour fonction que de retranscrire dans les droits nationaux les directives européennes ;

les règles européennes limitent l’intervention des gouvernements dans nombre de champs (économie, environnement, santé,…) ;

les marchés financiers encadrent le reste…

          . impuissance des politiques : ils n’ont guère le pouvoir de vaincre la crise, le chômage, la délinquance, ni de réduire les inégalités…

          . discrédit du système politique : la politique c’est du spectacle, c’est un champ de foire, où on ne sait que critiquer l’autre ! Quid du cumul et de la durée des mandats ? Quid des passe-droits ? Quid de ces partis qui se sont en fait emparés de la démocratie ? Que dire en effet d’élus dont la légitimité est issue non pas du peuple mais des partis ? On a affaire à une caste, à une nomenklatura de privilégiés, issue en particulier de la fonction publique, qui ne reflète en rien la diversité des sexes, des métiers et des origines…

          . rejet plus ou moins radical du système de la démocratie représentative : le suffrage universel est une fiction du droit constitutionnel (voir Jürgen Habermas) ; élections piège à cons ! Cette attitude anarchisante se retrouve en particulier chez de nombreux philosophes qui se sont penchés sur les systèmes politiques.

           . offre concurrente croissante : je m’intéresse beaucoup à la politique, mais mon militantisme je veux l’exercer d’abord en dehors des partis. Dans les associations, les collectifs, les listes de diffusion sur le web, on est sur du concret, on sait au moins de quoi on parle: n’est-ce pas là que se joue véritablement l’avenir ?

 

- l’abstentionnisme de conjoncture où sont pris en compte les enjeux, ceux-ci dépendant des types d’élection et des circonstances qui président à l’élection. Beaucoup d’abstentionnistes sont des « intermittents » ; on vote seulement au premier ou au second tour par exemple suivant l’importance de l’enjeu que l’on ressent : est-ce ou non décisif ? Une consigne d’abstention peut parfois être émise par un parti, l’abstention pouvant être par ailleurs une manière d’exprimer pour une fois sa désapprobation envers lui…etc.

 

De l’homo politicus au système politique

 

Les participants au débat, et surtout Jean Lassalle, les élus et Dominique Saatenang, qui connaît fort bien les difficultés pour atteindre le très haut niveau, ont insisté sur les qualités exceptionnelles que devrait montrer tout homme politique. Il doit être non seulement compétent et enthousiaste, mais surtout profondément moral : l’exemple qu’il donne est fondamental pour la crédibilité du politique et donc pour le bon fonctionnement de la démocratie représentative. Or aujourd’hui, lors des élections autres que municipales, le contact entre l’électeur et les candidats se crée principalement au travers des médias ; le peuple peut donc admirer la performance, le talent des uns et des autres pour argumenter et persuader … mais comment peut-il évaluer le travail effectif, le bien fondé et le sérieux des propositions, voire même le respect scrupuleux de la loi quand le souci premier du candidat n’est pas de construire pour le moyen où le long terme. L’élection relève du court voire du très court terme : ne s’agit-il pas avant tout de se présenter à son avantage, d’avoir le soutien des médias et l’onction d’un grand parti – ne l’oublions pas – pour gagner l’élection ? Le souci de conserver son mandat qui taraude la plupart des élus conduit trop souvent à l’inacceptable, c’est-à-dire à l’inaction, à la démagogie ou à la lâcheté sans que l’électeur puisse s’en apercevoir : savoir discourir et se faire des amis suffisent pour acquérir l’impunité. Bref, en résumé, pour agir au nom de l’intérêt général, il faut bien entendu des compétences dans beaucoup de domaines, mais aussi de la rigueur, du courage, du travail et l’esprit de sacrifice : nos élus, semble-t-il, n’en sont pas tous pourvus !

 

L’éthique du candidat et de l’élu est un thème essentiel sur lequel on peut réfléchir ensemble : repenser la régulation du marché politique en allant au-delà du contrôle des temps de parole où des comptes de campagne, pour inciter à des comportements en phase avec cette belle idée de prise de risque et de sacrifice uniquement pour le bien commun…Mais on ne peut se contenter de cela. La montée de l’abstention est le symptôme de l’usure du système : les politiques, même quand ils sortent des clous, ne sont guère responsables du décalage qui s’est créé entre la société et les manières d’envisager la politique. Une morale, comme une religion, s’adresse d’abord aux individus et non aux organisations ; pour que les politiques soient plus « moraux » qu’hier, on a tout intérêt à leur simplifier la vie, c’est-à-dire à faire en sorte que le cadre dans lequel ils exercent leur « magistère » soit plus favorable à une recherche véritable du bien commun. Le problème principal est donc celui-ci : compte tenu en particulier de la montée en puissance des moyens d’information et de communication, comment faire évoluer notre système politique ? Nous ne sommes plus aujourd’hui dans une démocratie purement représentative ; nous sommes dans une « démocratie d’opinion » ouverte sur l’Europe et sur le monde, où tout s’accélère, où la concurrence dans tous les secteurs est plus sévère qu’hier, où, par voie de conséquence, les crises concernant le pays ou la planète semblent se multiplier. On a besoin de toutes les énergies, de toutes les cultures, de tous les savoirs, de toutes les intelligences pour parer aux menaces et aller de l’avant. Il faut donc gérer au mieux les potentialités humaines de l’entreprise « France », et cela exige qu’on mobilise les citoyens au-delà d’un suffrage universel qui a déjà perdu et perdra encore de son lustre. En bref, le problème qui se pose peut être énoncé ainsi : comment associer d’une manière ou d’une autre aux décisions publiques tous ceux qui, s’y intéressant fortement, acceptent de s’y investir en respectant un certain nombre de règles et en étant vraiment prêts à se retrousser les manches ? Les Grecs, quand ils sont passés de l’oligarchie à la démocratie, n’y sont pas allés avec la petite cuillère ; les quelques expériences de décision participative tentées dans notre pays font pâle figure face à la réorganisation profonde du système politique qui avait alors été effectuée.

 

2- Un mot sur les sondages

 

Depuis le milieu des années 1960, depuis qu’ils se sont imposés comme outils de prévision et de marketing politique, les « sondages électoraux » sont la cible de critiques souvent virulentes. Est-ce justifié ? Compte tenu des dérapages constatés, doit-on condamner l’usage de ces outils ? Doit-on renforcer une réglementation (loi de 1977 modifiée en 2002) et un contrôle (Commission des sondages) qui portent beaucoup plus sur la publication des résultats que sur la qualité de l’instrument qui a permis de les obtenir ?

 

Il faut d’abord se rappeler que « sondage » est un terme statistique qui désigne une procédure permettant de tirer d’une population un échantillon représentatif. Cet échantillon va permettre de dire certaines choses, avec plus ou moins de précision, sur cette population supposée décrite au travers de quelques paramètres : on va estimer en général des moyennes, indiquer des marges d’erreur (intervalles de confiance), juger éventuellement de la significativité des différences qui sont constatées. Cette manière d’appréhender le tout à partir du particulier (inférence) repose sur un tirage qui fait appel à un hasard qui est loin de tomber du ciel : on le tord dans tous les sens, on le bichonne pour obtenir un bon compromis entre la précision et le coût du recueil (exemple : méthode des strates et des quotas).

 

La qualité d’une enquête d’opinion, les objectifs étant bien précisés, dépend du questionnaire (signalétique + questions d’opinion), des choix de la population cible et de la méthode de tirage, du choix du mode d’interview (face à face, téléphone, Internet)… et de tout un ensemble de précautions à prendre soit a priori (encadrement des enquêteurs), soit a posteriori (contrôle des données brutes recueillies), précautions surtout à ne pas oublier quand on se met d’accord avec le commanditaire sur le « protocole d’enquête ». Le travail statistique sur les données brutes comprend deux étapes : le redressement des données qui s’appuie en général sur des informations fournies par l’INSEE (contrôle des quotas) ; le traitement statistique des données redressées qui permet d’aboutir aux résultats sur lesquels va porter l’interprétation de l’analyste, et qui seront montrés au commanditaire pour être ensuite éventuellement publiés pour partie avec des commentaires qui seront jugés idoines.

 

Cette description du processus qui permet de circuler entre, d’une part, les objectifs et, d’autre part, les résultats et commentaires qui sont publiés, met clairement en évidence les étapes à problème. Les techniques statistiques sont au point ; on connaît bien les faiblesses des différents modes d’interview et on sait comment réduire le bidonnage…les points qui posent véritablement problème ne concernent donc pas pour l’essentiel le travail du statisticien ; ce sont : le questionnaire, la taille effective de l’échantillon qui a servi à établir chacun des résultats, l’interprétation et la publication des résultats et de leurs commentaires. Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour dépister à ce niveau, en consultant un certain nombre de journaux ou de magasines, des insuffisances, des à peu près, des arbitraires, voire, beaucoup plus rarement, des horreurs et des malhonnêtetés…et, sur le web, l’Observatoire des sondages et l’Acrimed (Action Critique Média), sans mettre de gants, en offrent un florilège. Puisqu’il s’est constitué une instance critique que l’on peut considérer comme citoyenne, qui en s’affirmant jouera le rôle que ne joue pas la Commission des sondages, et qu’il existe par ailleurs des équipes de scientifiques qui œuvrent pour l’amélioration des techniques d’enquête – voir le BMS (Bulletin de Méthodologie Sociologique), par exemple – pourquoi faudrait-il s’en émouvoir ? Quand c’est vraiment scandaleux, et heureusement c’est plutôt rare, l’institut de sondage en prend aujourd’hui pour son grade…et la morale est sauve.

 

Il faut mettre à part ces « sondages électoraux » destinés à prévoir à une semaine ou moins le résultat d’un scrutin. Ici la technique est particulière et doit être considérée comme très efficace, malgré quelques faiblesses et quelquefois des ratés …d’autant plus, qu’ayant le pouvoir d’en juger, il est possible de montrer du doigt celui qui a le malheur de se tromper au-delà du raisonnable. L’efficacité vient du fait que le sondeur, fort de l’historique des précédents scrutins qu’il a pris le soin d’archiver, a la possibilité de combiner dans ce cas deux démarches : en interrogeant sur des scrutins passés, il complète la démarche statistique précédemment décrite par un redressement supplémentaire pouvant corriger fortement les intentions de vote, et qui apparaît a priori comme particulièrement adapté (l’extrême droite pose problème) car issu du retour d’une longue expérience. Ces sondages relèvent du folklore dés qu’on s’écarte de la période de campagne électorale où sont censés se constituer les opinions ; n’ayant plus de valeur prédictive, ils doivent être considérés comme faisant partie du spectacle médiatique au même titre que les baromètres qui sont publiés.

 

Il est dit que les sondages peuvent exercer dans certains cas une influence sur les comportements électoraux : en 1995, lors de la primaire Chirac/Balladur aux présidentielles, les sondages auraient favorisé le vote utile à gauche en soulignant le risque de non présence de Jospin au second tour…et Balladur fut éliminé ; en 2002, les sondages donnant Jospin présent au second tour auraient favorisé la dispersion des voix à gauche…et Jospin fut éliminé. Quant à l’influence des sondages sur les abstentions, elle est loin d’être évidente et certainement inférieure à l’influence qu’exerce un premier tour sur le second tour : mieux vaut ici incriminer un devoir électoral qui serait bien émoussé. Mais, en tout état de cause, l’influence principale du sondage est avant tout indirecte ; outil de marketing politique, il permet de sélectionner le « bon candidat », celui qui a le plus de chance d’être élu face à la concurrence, ou de ne pas se lancer dans une bataille coûteuse…et là son rôle est assurément déterminant.

 

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